Un moment atypique

Fin goudron bâche verte, l'adresse renseigne déjà sur le cadre où l'ONG se trouve. Il est vrai qu'elle se situe au bout de la route goudronnée au nord de Libreville là où le chemin de terre commence.


Hugues OBIANG POITVIN, dit « Tatayo », accueille les visiteurs en quête de spiritualité. C'est un homme d'un certain âge qui porte de petites lunettes rondes sur le nez, vêtu d'une simple chemise blanche faite d'un coton fin et d'un tissu de couleurs utilisé comme pagne. En ouvrant le grand portail vert de leur ONG, il invite à entrer dans un monde en décalage avec les maisons des alentours qui représentent une classe supérieure de la population. 
Un grand espace vert s'ouvre alors. Tout de suite sur la droite, une remorque de camion convertie en scène d'exposition de masques et autres objets de la culture Gabonaise se présente. Sur la gauche, un immense hangar rouge est utilisé d'un coté comme garage puis de l'autre comme espace de vie commun. Au milieu du jardin, un feu de bois se dresse et des odeurs boisées s'en échappent. 


Près du feu, un cercle fait en craie blanche et dessiné sur l'herbe contient des paniers remplis de copeaux d'une espèce de bois nommée « iboga » qui aurait des effets psychotropes et utilisés pour un rituel d’initiation.



Ce rituel fait partie des rites pygmées réalisés en extérieur contrairement aux rites bantous qui eux sont réalisés à l’intérieur. Ce rituel est fait lors des naissances, des mariages, des décès ou à tout autre moment de réjouissance.

Au loin, des cris et des maracasses se font entendre, les bruits se rapprochent de plus en plus jusqu'au moment où les danseurs arrivent à la chaîne près du feu. 
Habillés avec une tenue traditionnelle du Nord, les femmes et les hommes se placent de part et d'autre des musiciens qui eux se placent derrière leurs tambour. Différents motifs faits en peinture blanche recouvrent les danseurs. Les hommes sont vêtus de vêtements traditionnels rouge et blanc très chargés avec beaucoup de ceintures et des colliers de coquillages autour du cou. Les femmes portent un bas rouge avec un haut blanc, un foulard rouge autour de la tête et aussi des colliers de coquillages.Ils commencent alors leur danse au fil du rythme et des chants. Les danseurs enchaînent chacun leur tour en alternant des danses et des mouvements rapides et brusques.
Les danseurs s'éclipsent et reviennent, ils se sont changés et ont adopté le style vestimentaire du Sud. Les hommes portent de petite cloches à la taille et des maracasses accrochées au genoux qui transforment leurs mouvements en musique. Les femmes portent plus de colliers de coquillages et ont aussi des ceintures avec de petites cloches. Ils entament tous des mouvements plus rythmés et plus rapides qu'avant. On se demande comment ils font pour tenir ce rythme frénétique.
















Tatayo pense que tous les hommes ayant un esprit libre sont des artistes et que le monde moderne les a transformés en fonctionnaires asservis, et que la vie autochtone pourrait trouver des solutions aux problèmes de nos jours.


Ecrit par Mathieu et Turan





2 commentaires:

  1. Passionnant cet article! Bravo Matthieu et Turan!

    RépondreSupprimer
  2. Votre article parle bien de la culture gabonaise et de ses différences (costume du Nord, ce qui donne à penser qu'il y a une diversité dans les costumes et les traditions). il y a un bout de phrase qui marque un peu, quand vous parlez de l'iboga utilisé pour "des décès ou à tout autre moment de réjouissance", c'est un peu maladroit, mais on comprend ce que vous voulez dire (les moments importants de la vie). Est-ce qu'il y a des croyances en des esprits dans le monde végétal/animal ou quelque chose comme ça?

    RépondreSupprimer